Le miracle du tripou

Savoir faire

Dans la chambre assombrie on chuchote à voix basse
Car le "Pépé" est bas, on craint qu'il ne trépasse
On craint à l'occlusion dite intestinale
Que eux, à leur façon, disent abominable.
Le docteur est venu en toute extrémité
Et Monsieur le Curé redit son chapelet
Dans la pièce à côté on s'affaire, on cuisine
Car il faut bien manger et cela se devine
Et recevoir ceux qui se sont intéressés
Au malade qu'on aime, qu'on voudrait conserver,
Et l'aïeule a pensé à un plat de chez nous
Elle cuit avec ferveur un bon plat de TRIPOUS
Du toupinou qui bout sort une odeur suave
Qui contourne les murs, qui descend à la cave
Comme pour y chercher la boisson adéquate
Faite pour l'arroser et que l'on boit sans hâte
Le "fumet", lui, toujours suit sa course aérienne
Ne respectant ni murs, ni plafonds, ni persiennes
Et finit, enfin, par force, à parvenir
Dans la chambre où "Pépé" avale ses soupirs

Savoir faire
Savoir faire

Lorsqu'un bruit retentit ayant tout d'insolite
En signe précurseur de quelque monolithe
Dont le parfum qui suit, pour nous autres "Abirmatchs" (*)
Pouvons dire sans crainte "Que sentissio lou natch"
Mais tous ceux qui sont là pensent aux funérailles
A la cérémonie que tous veulent sans faille
A ce qui se dira tout le long du parcours
Certains par jalousie et d'autres par amour.
"T'en soubénés, Jaousep, éro un boun lapinier
Quant lou tsoun dé la festo fasquet lou carétié
Qu'aquello bello filio à mietch amadurado
Poulido como un lun et que nous agradabo
La prenguet sur l'esquino per la mena al bosc
Li fa béiré la luno et quicon maï, très cotch
La prenguet aquel fais al pé de la palet
Per la mounta al cel lou li fasquet tout dret
Aco es l'excepciou que counfirmo la récio
E peï n'en dirien maï, cal bé qu'aco se mescio
Al païs on lou sap, grande, lourde ou ménudo
El n'o pas jamaï fa léba cap dé jaüdo

Savoir faire
Savoir faire

Mais revenons au fait car dans la chambre obscure
On ne sait si ce bruit est bien de bonne augure
– Le Pépé a parlé, dit la fille en émoi,
J'en suis sûre, c'est lui, je reconnais sa voix
– Je crois bien que ce soit sa dernière parole
Dit le Prélat ému, parlant sans parabole
– Ah, que voilà un pet qui est bien de circonstance
En pensant au miracle, dit l'homme des sciences
Qu'aurait bien pu produire le remède apporté
Sans trop savoir, bien sûr, quel serait son effet
Et le "Pépé", alors mis son monde d'accord,
En surgissant du lit, eux qui le croyaient mort,
"Sent enfila las bragos, sabès lou que fasquet ?
Lou 'Pépé' se lébet
Manget quatré tripous et se rébiscoulet !"
Mais ce n'est pas fini, "fasquet sinné à sa fenno"
La prenguet per la ma et puis lui dit tout bas
Des choses que ma foi je ne répéterai pas
La morale voulait qu'on les laissât bien seuls
Dans ces draps qui faillirent lui servir de linceul
Eros était venu et "Pépé" chuchota
Ni trop haut, ni trop bas : "TEI TÉ MARIE QU'ANAN TROUTA."

(*) = Surnom des Saint-Affricains.

Savoir faire
Savoir faire

Conseil à une jouvencelle ou...
si tu veux un époux

Ma mère m'a dit : "Ma fille si tu veux un époux
il ne suffira pas de lui faire les yeux doux
car il existe au monde des filles très bien faites
qui font valoir leurs charmes à des fins malhonnêtes,
qui font don de leur corps pour avoir un mari
qui dure quelques jours, quelquefois une nuit.
Mais si tu le veux sûr et qu'à toi il s'attache,
qu'aux rondeurs de ton corps il s'adonne à la tâche,
il existe un secret que je puis te donner
mieux que la bagatelle, mieux que mille baisers
dans les plis, dans les creux, sur les proéminences,
un secret rouergat vit le jour à Naucelle
et je ne connais pas d'autre ville plus belle
où l'on puisse trouver ce produit viscéral
adoré le matin, aimé à vespéral.
Car l'homme est un gourmand, un rien lui fait envie,
manger c'est sa passion, le tripou c'est sa vie,
car c'est bien par la tripe que la voie nuptiale
te sera grande ouverte en calmant sa fringale."

Ma mère m'a dit : "Ma fille, si tu veux un époux
saches faire ma fille, faire d'excellents tripous."

Fradec